La Destruction par les Talibans des Statues de Bouddha !
La destruction en 2001 des deux bouddhas géants de Bamiyan est, de loin, l'attaque la plus spectaculaire contre le patrimoine historique et culturel de l'Afghanistan commise au cours de la récente période de turbulences dans le pays.
Le décret contrer les statues bouddha !
Le 26 février 2001, suite a la consultation d'un collège de "oulémas", le mollah Muhammad Omar, leader des Talibans, rend publique un décret obligeant a détruire toutes les statues et sanctuaires non islamiques en Afghanistan. Une sorte de djihad a été lancée contre les deux bouddhas - l'un à l'est, haut de 38 mètres, et l'autre à l'ouest, haut de 55 mètres - taillés dans la falaise de Bamiyan. "Nos soldats travaillent dur, ils utilisent toutes les armes disponibles contre eux", a déclaré le porte-parole des talibans. Des roquettes et des obus de chars ont été apportés pour aider, et la destruction a été complétée à la dynamite. Le 14 mars, les Talibans ont annoncé publiquement que les figures géantes avaient été détruites.
Le décret du mollah Omar avait suscité de nombreuses tentatives de la part des pays occidentaux et des clercs et chefs d'Etat musulmans modérés des pays voisins de l'Afghanistan pour convaincre les talibans d'annuler leurs plans. La nécessité de préserver un patrimoine culturel et de respecter la tolérance religieuse était au cœur de cette protestation générale. Les émissaires de l'UNESCO ont plaidé en vain pour qu'une distinction nécessaire soit faite entre idolâtrie et exemplarité - entre une admiration séculaire et une vénération idolâtre. D'autres ont insisté sur l'exemplarité de la piété, la "leçon de foi", que ces statues pouvaient offrir aux croyants de toutes les religions. En fait, l'argument des Talibans ne donnait aucune chance de succès à ces ambassadeurs de la culture : "Si les statues étaient des objets de culte pour une minorité afghane, nous devrions respecter sa croyance et ses objets, mais nous n'avons pas un seul bouddhiste en Afghanistan", a déclaré le mollah, "alors pourquoi préserver de fausses idoles ? Et s'ils n'ont aucun caractère religieux, pourquoi s'énerver ? En plus des mesures prises par l'UNESCO pour sauver les statues, le MET (New York), ainsi que certains Etats bouddhistes, comme la Thaïlande, le Sri Lanka et même l'Iran, ont proposé de "racheter" les bouddhas.
Pourtant, la victoire sur les Bouddhas ne serait gagné qu'en présence de témoins. Voilas pourquoi des journalistes ont été amené par voit aérienne à Bamiyan le 26 mars pour qu'il voit eux même le trous des niches, au centre de la falaise, a la place des statues. Auparavant, le 19 mars, les Talibans avaient accepté pour cette seule occasion de laisser les cameramen d'Al-Jazira assister à la phase finale de la démolition.
Qu'elle était les véritables intentions derrière la destruction de ses statues bouddha ?
Une attaque aussi extraordinaire contre des emblèmes religieux et culturels a conduit beaucoup de gens à spéculer sur les véritables intentions du mollah. Deux types d'explication de la décision stupéfiante du Mollah sont possibles. La première, basée sur son argumentation explicite et celle de ses proches collaborateurs, met en évidence la conception qu'ont les clercs talibans de la loi islamique. La seconde, une explication plus contextuelle, prend en compte la position du régime taliban sur la scène internationale. Ce point de vue est étayé par les déclarations contradictoires faites par les Talibans depuis leur arrivée au pouvoir. En juillet 1999, trois ans après l'entrée des forces du mollah à Kaboul, le ministre taliban de la culture a parlé du respect dû aux antiquités préislamiques et a également mentionné le risque de représailles contre les mosquées des pays bouddhistes. Il a précisé que, s'il n'y avait pas de croyants bouddhistes en Afghanistan, "Bamiyan ne serait pas détruite mais, au contraire, protégée" Le fameux décret du 26 février apparaît comme un revirement de situation puisqu'il dit que "ces statues étaient et sont un sanctuaire pour les incroyants" - voilas ce qui obligeait religieusement de les détruire. L'assaut contre les Bouddhas semble donc être une réponse à un contexte politique changeant, une sorte de représailles contre les sanctions imposées par le Conseil de sécurité de l'ONU au régime taliban et le refus de la plupart des membres de l'ONU de reconnaître l'émirat taliban.
Par ailleurs, les talibans eux-mêmes ont exprimé par la suite leur indignation et leur colère face à la protestation venant de "l'Occident", qu'ils ont décrit comme étant exclusivement concerné par le sauvetage des "idoles" mais ignorant la misère des Afghans. D'après cette vision des choses, le patrimoine culturel afghan est indirectement une victime du rejet de l'émirat par les pays de l'ouest et de leur politique de deux poids, deux mesures - qui est émue par la destruction des statues mais n'en a rien a faire des problèmes du peuple afghan. En Occident, la destruction des bouddhas de Bamiyan a été condamnée comme une attaque intolérable contre l'ensemble des trésors les plus précieux de l'humanité.
Les Statues de Bouddha Afghane a travers l'histoire !
L'élaboration du patrimoine national afghan avec les Bouddhas comme point centrale est surtout grâce aux européen. Les premiers voyageurs européens qui, au XIXe siècle, qui ont parlé de ses statues énorme dans leurs écrits de voyage, sont souvent des agents secrets, des explorateurs et des trafiquants. En 1832, Alexander Burnes, un agent du service politique indien, a décrit le "couple d'idoles" comme les reliques d'un culte passé. Il les trouvait inélégantes, voire disgracieuses, et bonnes seulement pour les sauvages et leurs croyances primitives.
Charles Masson, un déserteur de l'armée indienne, en visite sur le site en 1833, fut le premier à reconnaître l'effigie du Bouddha dans les figures. Il a également été le premier à les admirer. Il écrivit : "Le voyageur qui arpente [...] les vastes et mystérieuses idoles et la multitude de grottes qui l'entourent ne manquera pas d'être absorbé par une réflexion profonde et par l'émerveillement..."
Que pensent les locaux de la destruction de ses statues ?
Mais qu'en est-il des Afghans ? Quel était leur sentiment sur ce "joyau" de leur patrimoine culturel, cette invention occidentale ? Pour beaucoup d'Afghans, les deux figures géantes, pour eux un homme et une femme, rappelaient les monstrueuses idoles Lât et Manât mentionnées dans le Coran. Cela dit, les habitants du centre de l'Afghanistan considéraient les Bouddhas comme une présence familière et, dans leurs croyances religieuses, comme des survivants de l'époque pré-islamique, dont les origines païennes étaient parfois rappelées par les mollahs locaux.
Pour la plupart des Afghans et pour les Talibans, la catégorie "patrimoine culturel" n'existait guère ou était, au mieux, suspecte. Leur protestation était plus véhémente et ils étaient plus convaincus qu'elle ne faisait que refléter une croyance - le culte des chefs-d'œuvre de l'art - aussi illégitime que celle des idolâtres. La position des Talibans révélait précisément leur négation de l'existence d'un espace de vénération séculaire, où l'Art aurait remplacé le Dieu des monothéistes.